À la mine

Publié le par Sandra

    Le 10 mars 1906, un coup de grisou suivi d'un coup de poussier dans les galeries des mines de charbon de Courrières, département du Pas-de-Calais, provoque une explosion catastrophique dont le bilan final sera 1099 morts.
    Trois jours après la catastrophe, la direction et les ingénieurs des mines de l'état décident qu'il ne peut plus y avoir de survivants et murent la mine pour étouffer l'incendie et préserver le précieux gisement*.
    Le 15 mars, les mineurs de la Grand Combe, département du Gard, à 800 km de là, se mettent en grève comme la majeure partie des mineurs de France pour protester contre les conditions de travail qui leur sont faites.
    Dans le même temps, des mineurs allemands principalement venus des bassins houillers de Moselle, en territoire prussien depuis la guerre de 1870, équipés, eux, de masque à oxygène, viennent en renfort pour aider aux opérations de sauvetage.
    Au bout de cinquante cinq jours de grève, les mineurs reprennent le travail.
    À la suite de la catastrophe et de la grève, les lampes à feu nu sont remplacées dans les mines de charbon par des lampes plus sûres.
    En 1907, largement à la suite de la grève, la loi sur le repos hebdomadaire (dimanche chômé) est votée et les mineurs, entre autres, n'ont plus à travailler sept jours sur sept.

Aux ingénieurs du corps des mines, qui savaient mieux que tout le monde ce qu'il fallait faire parce qu'ils portaient en grande majorité bicorne et qui excellaient dans la préservation des profits de ceux qui, un peu vieux pour être leurs camarades de promotion, avaient de bonnes chances d'être leur beau-père ou leur beau-frère, 1 point-ragoût
Aux mineurs qui ont tenu cinquante cinq jours de grève, mon admiration incrédule et 1 point-houris
Aux sauveteurs allemands qui ont préféré à l'embrigadement nationaliste la solidarité de la mine, 1 point-houris
(J'ajouterais bien "Aux fonctionnaires dernier échelon de la hors-classe qui prétendent ne pas pouvoir se permettre financièrement de faire une toute petite journée de grève alors que leur salaire est n fois supérieur à celui d'un enfant de douze ans qui descendait au fond tous les jours de la semaine et gagnait ainsi le droit de revenir en deuxième saison pour mieux chopper la silicose, 1 point-ragoût" mais on va encore dire que je suis pessimiste.)

* 20 jours après la catastrophe on retrouve treize survivants, 24 jours après la catastrophe encore un.

La chronologie précise de la catastrophe de Courrières sur Ch'ti.org
Ce que L'assiette au beurre, périodique anarchiste, en dit à l'époque, ici
Un article pas si mal d'un blog de lycéens du nord
Des infos sur les ingénieurs des Mines,

Publié dans points-houris

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A
<br /> Tiens ça me rappelle un immortel "Chant ouvrier" dont mes parents doivent toujours avoir le vinyle :<br /> <br /> "Les mineurs vont à la mine<br /> Comme en mer vont les marins<br /> C'est la même discipline<br /> C'est le même dur destin.<br /> Sur la mer ou sous la terre<br /> On t'envoie risquer ta peau<br /> Ô mineur, sois solidaire<br /> De ceux qui font ton boulot.<br /> Ô mineur sois solidaire<br /> De tes frères, pas des porions<br /> Et surveille bien ta paye<br /> Autant que les explosions..."<br /> <br /> <br />
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